Les deux députés de l’opposition sénégalaise qui ont frappé un collègue de la majorité à l’Assemblée nationale ont été incarcérés jeudi à Dakar et seront jugés lundi pour “coups et blessures volontaires”, a-t-on appris auprès de leur défense.
Massata Samb et Mamadou Niang ont provoqué un déchaînement nationwide le 1er décembre lorsque l’ancien parlementaire a giflé Amy Ndiaye, et ce dernier lui a donné des coups de pied dans le ventre, en pleine séance et en public. Ils l’ont accusé d’avoir tenu des propos irrespectueux envers le chef religieux dirigeant leur parti, le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR).
Le chef du PUR, Serigne Moustapha Sy, est un chef religieux qui, sans être député, est très influent au Sénégal.
Des photos de l’altercation, au cours de laquelle Amy Ndiaye a tenté de lancer une chaise après avoir été giflée, ont circulé à plusieurs reprises dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cet affrontement était perçu comme symptomatique des tensions entre l’opposition et la majorité, des violences exercées contre les femmes mais aussi du statut d’intouchable des marabouts comme Moustapha Sy.
Amy Ndiaye, maire de la commune de Gniby (centre), a été hospitalisée. Un certificat médical brandi par son camp dit qu’elle est enceinte et qu’il y a un risque de perte du bébé.
Les policiers ont été saisis par le parquet à la suite d’une lettre du président de l’Assemblée nationale réclamant des poursuites, selon l’avocat du député.
Massata Samb et Mamadou Niang ont disparu pendant plusieurs jours alors que majorité et opposition se disputaient verbalement la responsabilité de tels excès, la suite à donner et la nécessité de lever leur immunité parlementaire.
Ils ont comparu à l’Assemblée lundi et ont été conduits à la Division des enquêtes criminelles (police judiciaire) où ils ont été placés en garde à vue mardi, a rapporté la presse locale. Ils ont été déférés jeudi au parquet de Dakar, selon leur défense.
“Ils ont fait valoir leur immunité mais le procureur a jugé nécessaire de les placer aujourd’hui sous mandat de dépôt. Ils seront jugés lundi en flagrant délit”, a déclaré à l’AFP l’un de leurs avocats, Abdy Nar Ndiaye.
Ils ont encore voté par procuration jeudi lors du vote de la movement de censure déposée par l’opposition contre le gouvernement du Premier ministre Amadou Bâ, nommé en septembre par le président Macky Sall. La movement a été rejetée par le Parlement.